• 24 heures chrono et la torture

    24 et la torture: vaste polémique...

     

    En effet la série montre de façon récurrente des scènes de torture physiques et morales. Mais la polémique a commencé en 2007 avec une série d’articles accusant ouvertement 24 de justifier et d’encourager la torture. Le plus connu est l’article du New Yorker "Whatever it takes" . On y apprend que des officiers de l’armée américaine se sont rendus sur le plateau de 24 pour se plaindre que les méthodes musclées de Jack Bauer influençaient leurs soldats.

     

    D’autre part une association de contrôle parental sur les programmes TV compta 67 scènes de torture dans les 5 1° saisons, soit une toutes les 2 heures...et lança une campagne contre la série.

    En fait, dans la saison 1 Jack Bauer menace de torturer mais ne le fait pas. Dans la saison 2, qui commence d’ailleurs par une scène de torture, il met en scène l’exécution du fils d’un terroriste pour le faire parler (E12) et se fait lui même torturer (E19), mais la saison 4, elle, offre un véritable festival : outre les terroristes, un agent de la CTU, le fils d’un ministre, un ado, le mari de la copine de Jack sont torturés mais s’avèrent soupçonner à tort.

    Saison 4: Jack torture tranquillou le mari de sa petite amie

     

    En fait ce n’est pas la représentation de la torture en soi qui pose problème, elle a été utilisée dans de nombreux films noirs ou d’espionnage, mais ce sont toujours des méchants qui l’utilisent et toujours à des fins mauvaises. Or, dans 24, c’est le héros qui torture (et une agence gouvernementale) et pour une bonne cause : sauver des innocents, grande nouveauté ! Comme le dit le doyen de West Point « le plus dérangeant c’est que même si Jack Bauer n’aime pas torturer, c’est toujours la chose la plus patriotique à faire »

     

    De part son format en temps réel, le principal ressort dramatique de la série est le « ticking time bomb » la bombe prête à exploser. L’idée (utilisée la 1° fois par le romancier français J. Larteguy) est simple et narrativement très efficace : vous arrêtez un terroriste qui a posé une bombe qui va exploser dans un laps de temps très court, il refuse de dire où, la vie de centaines d’innocents est en jeu, que faites vous ?

    Dans 24, 2 solutions : offrir l’immunité et de l’argent au terroriste ou le torturer. Le plus souvent c’est Jack qui s’en charge, le terroriste avoue et les vies sont sauvées. Donc la torture est justifiée puisqu’elle permet d’éviter la mort de civils innocents.

    D’autant plus que Jack n’est pas le seul à torturer, la CTU dispose de son «Monsieur Torture », un agent avec sa mallette remplie de seringues et de produits douloureux (saisons 3 à 6).

     

    Quant à Jack Bauer il justifie ainsi ses actes dans la saison 4 : à un avocat qui veut empêcher son client d’être « interrogé » et qui invoque la constitution, Jack répond « je ne veux pas outrepasser la constitution, mais ce sont des circonstances exceptionnelles » (E18)

    Donc à nouveau, dans certaines circonstances « exceptionnelles » la torture est justifiée. De là la polémique.

    Aux Etats-Unis, philosophes, juristes, hommes politiques s’emparent de 24 pour applaudir ou dénoncer les méthodes brutales de Jack Bauer. Il faut dire que les scandales de Guantanamo et Abu Ghraib ont rendu le sujet encore plus sensible et habilement, les auteurs vont mettre en scène ce débat dans le 1° épisode de la saison 7. Jack doit répondre de ses actes devant une commission sénatoriale :

     

    Alors 24, un show pro torture ?

     

    Je dirais que 24 ne justifie pas plus la torture que Le Parrain ne justifie la mafia.

    La torture dans 24 est employée pour dramatiser, intensifier les situations, mais surtout pour faire de Jack Bauer un héros tragique et sombre, déchiré entre les vies qu’il doit sauver et les actes extrêmes qu’il doit commettre pour y parvenir.

    Or quoi de plus extrême que la torture pour un personnage présenté comme intègre et humain ? D’ailleurs on ne le montrer jamais fier ou détaché de ses actes, au contraire. A un Imam (sic) qui lui demande s’il arrive à se pardonner, il répond « il y a longtemps que j’y ai renoncé » (saison 7).

    Stephen King, un fan de 24, remarque que « le visage de Jack, de plus en plus hagard, suggère que les méthodes qu’il emploie le déshumanise » C’est cette complexité qui fait la qualité, et le succès du personnage.

    Saison 8 Jack torture Pavel: la plus violente scène de torture de la série, mais Pavel ne parle pas !

     

     

    D’autre part, 24 est une fiction irréaliste.  Les situations sont totalement invraisemblables : les Etats-Unis sont décrit comme une république bananière où coups d’état, assassinats de présidents se succèdent, exemple dans la saison 7, une dizaine de terroristes s’empare de la Maison Blanche en creusant un gros trou en dessous !!!

    Ce qui diminue la portée de la violence, un peu comme dans un film d’horreur où on regarde les pires scènes gore de façon détachée.

    De plus dans les dernières saisons, de plus en plus de personnages critiquent les méthodes brutales de Jack Bauer et, dans l’ultime saison la torture ne marche pas !

    En fait ce qui est réaliste dans 24 c’est de montrer que lorsqu’on fait la guerre, on se salit les mains, même si on est  du bon côté, qu’il n’existe pas de guerre propre ni de héros purs, 24 est le reflet de l’horreur de la guerre, pas sa justification.

    Pour finir, 24 a permis à de nombreux spectateurs, tout en se divertissant, de réfléchir à un problème grave (En France, il aura fallu 40 ans pour évoquer dans un film grand public la torture en Algérie) et d’exprimer librement leur points de vue, ce qui est un élément essentiel d’une démocratie.

     

    Voir aussi la vidéo interview traduite:Kiefer Sutherland et la torture

    English Translation

     

     

    24 and torture ... huge controversy ...
     
    Indeed the series repeatedly shows scenes of physical and mental torture. But the controversy began in 2007 with a series of articles accusing 24 to justify torture. The best known is the New Yorker article "Whatever It Takes" We learned that major West Point and FBI officers went on the 24 set to complain the  
    Jack Bauer's harsh methods  influenced their soldiers.

    On the other hand a  parental control on TV programs association counted 67 scenes of torture in the first 5 seasons, one every 2 hours and launched a campaign against the series.

    So is 24 “a torture show” ?

     

     

    In Season 1 Jack Bauer threatens to torture but does not. In season 2, which begins with a scene of torture, he orders the execution of a terrorist’s son to make him talk (E12) and he’s tortured by villains (E19), but the 4th season offers a torture festival: as well as the terrorists, a CTU agent, the minister of defense’s son, a teenager, the Jack’s girlfriend’s husband, all are tortured but all are wrong suspects.

     

     

     

    Actually the problem is not the representation of torture itself, it has been used in many films noirs or espionage, but they are always used by the bad guys and always for evil meanings.

    In 24, it’s the hero who tortures (and a government agency) and for a good cause: to save innocent people. As the dean of West Point said "the most disturbing is even if Jack Bauer does not like torture, it’s always the most patriotic thing to do"

    Due to its format in real time, the main plot of the series is the "ticking time bomb" :a bomb waiting to explode. The idea (the 1st time used by the French novelist J. Larteguy) is narratively simple and very effective: you stop a terrorist who planted a bomb that will explode in a very short time, he refuses to talk, the live of hundreds of innocent people is at stake, what do you do?

    In 24, two solutions: to provide immunity and money to the terrorist or torture him. In most cases Jack tortures the terrorist who spills the beans and lives are saved.  

     

     

    So torture is justified because it avoids the deaths of innocent civilians. And Jack is not alone to torture, the CTU has its "Mr. Torture", an agent with his briefcase full of needles and pain products (seasons 3-6).

     

     

    Jack Bauer justifies his actions in season 4 to a lawyer who wants to prevent his client from being "interrogated" and invokes the Constitution, Jack replies, "I don’t want to bypass the constitution, but these are exceptional circumstances "(E18) So again, in certain "exceptional "circumstances, torture is justified.  

     

     

      In the U.S., philosophers, lawyers, politicians seize 24 to applaud or condemn the Jack Bauer’s brutal but efficient methods. The scandals of Guantanamo and Abu Ghraib have made the issue even more sensitive and skillfully, the writers stage this debate in the season 7, 1st episode: Jack must answer for his actions before a Senate committee. (see extract above)

     

     

    So is 24 justifying torture ?

     


    I would say that 24 does not justify torture...no more than The Godfather is a justification for the Mafia.  

     

     

    Torture in 24 is a dramatic device, used to make Jack Bauer a tragic and dark hero, torn between the lifes he had to save and the extreme acts he must commit to achieve it. And what could be more extreme than torture for a character portrayed as honest and human?  

     

     

    Actually Jack is never portrayed as proud or detached from his actions. In an Imam who asked him if he can forgive himself, he says: “I gave up on that a long time ago”. (season 7). Stephen King, a 24 fan , notes that "Jack's face, more and more haggard, suggests that the methods he uses dehumanize him" It’s this complexity that makes the quality and success of the Jack Bauer character. 

     

    On the other hand, 24 is an unrealistic fiction that often jumps the shark. The United States is described as a banana republic with multiple coups, assassinations of presidents, in season seven, for example, ten terrorists seized the White House by digging a large hole below !!

     

    24 is a little like a horror movie where you look in a detached way, at the worst gore scenes.   
    And in last seasons, more and more people are critical of Jack Bauer’s brutal methods, and in the final season, torture does not work.

     

     
    In fact what is realistic in 24 is to show that the war it’s getting its hands dirty, even if we are on the right side, there is no clean war, nor pure heroes: 24 is a reflection of the horror of war not a justification.

     

    Finally, 24 allowed many viewers, while entertaining, to think about a serious problem (In France, it took 40 years to evoke torture in Algeria in a movie !) and to freely express their points of view, which is an essential element of democracy.

     


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